Allen Ginsberg (1926-1997) fut non seulement l’une des figures de proue du courant de la « Beat Generation », mais incarna aussi l’une des voix poétiques anglophones majeures du vingtième siècle, chez qui l’expérimentation esthétique resta inséparable de la quête spirituelle et de l’engagement politique.
A ce titre, tant au niveau de ses démarches créatives que dans sa vie personnelle, Ginsberg donna forme à l’idéal whitmanien de l’individu « contenant des multiplicités » et n’hésitant pas en cours de cheminement à se risquer à des fusions paradoxales: dévotion à la poésie, d’une part, décloisonnement de la pratique artistique, de l’autre; dettes profondes par rapport à son héritage familial juif, mais aussi refus de se laisser emprisonner par celui-ci; combats à l’avant-garde de la contreculture, mais luttes forgées en parallèle dans les creusets beaucoup plus anciens de la spiritualité du Bouddha et de la religiosité de William Blake; recherche du sacré qui embrasse profondément le monde du quotidien profane; une sensibilité tout aussi américaine que cosmopolite et ouverte à la planète entière, etc. Toutes ces dimensions complexes font partie de la personne poétique et de l’individu historique appelés « Allen Ginsberg. »
Ce 10 mars 2017, nous explorerons brièvement certaines de ces « fusions improbables » par lesquelles Ginsberg a non seulement tenté de perpétuellement déconditionner sa propre conscience, mais qui continuent encore toujours à inviter ses lecteurs à faire de même.
Franca BELLARSI est chargée de cours temps plein à l’Université libre de Bruxelles, où elle enseigne les littératures anglaise et américaine, et où elle a défendu sa thèse consacrée à Allen Ginsberg en tant que poète du vide bouddhique. Outre la « Beat Generation, » ses intérêts au niveau de la recherche incluent aussi l’écocritique et le Romantisme anglais. En 2015, elle a organisé et accueilli à l’ULB la 4ème réunion annuelle du « European Beat Studies Network ».