Lettre à Jan Jambon, Ministre de l’Intérieur, en réaction à l’intervention policière du parc Maximilien quelques jours avant Noël

Marie-Hélène Rabier

Bruxelles, 24 décembre,
Monsieur le Ministre,
J’ignore à quelle tradition spirituelle vous vous sentez lié, je n’ai d’ailleurs pas à le savoir. Toutefois, je veux vous confier que je me sens comme chrétienne extrêmement blessée par l’intervention policière du parc Maximilien quelques jours avant Noël.
Pour moi en effet, Noël c’est l’histoire d’un enfant de rien, exilé avec ses parents, qui s’apprête à naître quelque part, et leur migration se transforme en galère. Et l’histoire se répète, de manière violente et injustifiée ces jours derniers à Bruxelles.
La politique m’intéresse au plus haut point: elle peut être, je le crois, une des expressions les plus accomplies de la solidarité dans la cité, et je respecte profondément ceux et celles qui ont choisi d’en faire leur métier. Je sais aussi qu’on ne fait pas de la politique avec de bons sentiments: c’est votre analyse et vos choix répressifs que je conteste. Pour les raisons de géopolitique que vous connaissez aussi bien que moi, l’arrivée des  réfugiés (qu’ils soient demandeurs d’asile ou non) ne va pas cesser, et heureusement, le nombre de citoyens prêts à les accueillir va croissant lui aussi . Mais l’état monsieur le Ministre, l’état qui me représente, pourquoi s’enlise-t-il dans une politique inefficace et honteuse? Je ne vous demande pas un statut de réfugié politique pour chaque personne migrante, d’ailleurs tous ne le souhaitent pas, mais un accueil, un abri temporaire, et pas des rafles de sinistre mémoire.
Dans cette question capitale de politique et d’hospitalité, il y va de la dignité de ces personnes bien sûr; mais autant, sinon plus de la nôtre, de la vôtre, sommes-nous dignes de notre condition d’humain?
En vous redisant mon désaccord avec la politique que vous menez actuellement, je vous souhaite, monsieur le Ministre un joyeux Noël.
Marie-Hélène Rabier