Prix Régine Orfinger-Karlin décerné par la Ligue des Droits de l’Homme

DÉCERNÉ À LA BRUSSELS BOXING ACADEMY. L’UPJB FIGURAIT PARMI LES NOMINÉS.
“Mesdames, Messieurs, chère famille Orfinger, chers amis,

La nomination conférée par une association aussi libre que la Ligue des Droits de l’homme et un Prix qui se réclame du nom de Régine Orfinger sont un grand honneur pour l’UPJB que j’ai le plaisir de représenter ici aujourd’hui.
Cet honneur, qui nous dénie la compétence de juger nos propres mérites, ne nous rappelle pas seulement la gratitude que nous devons au comité de sélection qui a choisi de mettre notre action en lumière aux côtés de 3 autres associations, il nous créé des devoirs envers la vie publique. Celui de conserver le courage de ne jamais faire la paix avec le monde dans lequel nous vivons. Celui d’éprouver ce plaisir tragique à la prise de conscience de notre réalité, fut-elle déplaisante ; celui d’avoir la force d’expérimenter le monde dans le rire, la colère, le combat ; celui de préserver la manière de nous mouvoir en liberté dans ce monde.


Liberté de mouvement, celle-là même de pouvoir partir où l’on veut et condition première à l’action. Cette liberté, qui se réduit partout en ces sombres temps, Régine Orfinger, Maître Orfinger comme l’appellent encore aujourd’hui certains anciens de l’UJPB, avait choisi de la défendre dans l’espace public. Ces enfants, nés en Belgique de parents étrangers, Régine Orfinger les avaient défendus pour qu’ils obtiennent la nationalité belge et ils se rappellent encore avoir dû chanter la Brabançonne pour la mériter. Il faut dire que nous étions alors en pleine guerre froide et Solidarité Juive, dont est issue l’UPJB, était jugée particulièrement subversive. La Sûreté de l’Etat fichait et surveillait ces jeunes qui participaient aux bals du Parti Communiste à la salle de la Madeleine ou aux Manifestations du Premier mai. Des micros ont même été retrouvés dans le bâtiment de l’association, lorsqu’ils furent remis à neuf dans les années 70. Pour ceux que cela intéresse, nous les avons déposés au fond d’archives au Musée Juif de Belgique.


Ce Musée qui se voulait un espace de culture ouvert au monde, accueillant, refusant d’apparaître comme une citadelle protégée par des milices privées, jusqu’aux événements sanglants qui s’y sont déroulés ; ce Musée qui, comme nous, a dû prendre des mesures de sécurité qui nous font froid dans le dos.
La position de la Ligue des Droits de l’Homme sur la question de la sécurité et des moyens à mettre en œuvre pour assurer l’ordre et la tranquillité publique, tout comme ses positions liées aux atteintes à la vie privée, au racisme, aux discriminations, à la défense de la démocratie et des droits fondamentaux ; son inclination fraternelle pour les autres êtres humains, sa solidarité envers les humiliés et les laissés pour compte sont, pour nous, une source d’inspiration qui nous donne l’énergie de rester dans l’agir-ensemble transmis par nos parents, nos grands-parents, nos arrière grands-parents bientôt, plutôt qu’ignorer le monde et son espace public. Et avec le nom Orfinger me vient naturellement à l’esprit le souvenir de son fils Henri, proche de l’UPJB, et qui témoigne aux côtés de sa mère dans la trilogie d’André Dartevelle, A mon père résistant.


A coup sûr, l’UPJB n’a pas été bercée par les honneurs et nous n’avons davantage espéré de confirmation publique mais cette mise à l’honneur en établit le sens et fait entrer notre action dans le récit et le parler-ensemble, celui qui se soucie du monde commun. ”

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