Le mois d’avril du club

Le mois d’avril du club

JACQUES SCHIFFMAN

Faits de société, figures politiques, intégration.
Les livres, nos amis écrivent…

Faits de société, figures politiques, intégration.

Jean Lemaître journaliste et écrivain est venu le 14 avril nous parler de son livre : Louis Van Geyt ; La passion du trait d’union. Regards croisés sur le Parti communiste de Belgique (1945-1985). Nous avons eu un survol de l’histoire du parti depuis 1945, en plus des souvenirs personnels de l’ancien président de 1972 à 1988. Triste actualité, Louis Van Geyt, âgé de 87ans et malade, décédait le lendemain de la conférence.

Roger Beeckmans, journaliste d’images et réalisateur à la RTBF, nous est revenu le 21 avril pour présenter son film : « Une année scolaire à l’école primaire n°1 à Schaerbeek »
« Le film est le portrait d’une école primaire rue Josaphat à Schaerbeek, quartier de Bruxelles à forte population allogène : école dite à discrimination positive, épithète aussi injurieuse qu’infâmante et injuste d’école poubelle, qui lui colle à la peau. Elle accueille des enfants venus de vingt-trois pays différents et les enfants Belges se comptent sur le bout des doigts, dont deux de nos petits-enfants. Le directeur est un humaniste. Il mène au quotidien une lutte contre l’exclusion, l’échec et le racisme. Pour lui, l’école a un rôle à jouer dans un milieu multiculturel où les discours identitaires, les replis communautaires et des convictions religieuses illuminées, portent en eux les germes de tous les fanatismes. Le film est surtout un hommage à une équipe d’enseignants motivés, à un directeur, un de ces hommes de bonne volonté que mon métier m’a donné la chance de rencontrer. » (RB)
Le film montre des enfants de tous horizons, heureux dans leur école et qui réussissent ! J’ai écrit mon admiration à ce directeur, que je connaissais, et voici ce qu’il m’a répondu. « J’ai investi 17 années de ma vie dans ce projet d’école adaptée à l’enfant mais ce travail que je croyais développer en toute humilité dans l’ombre a été mis en pleine lumière par Roger Beeckmans, grand-père de deux enfants fréquentant l’école n°1 et séduit par la dimension humaine, pédagogique et philanthropique de ce projet d’établissement scolaire. »

Les livres, nos amis écrivent.

Harry Bleiberg, médecin et chercheur en oncologie, est venu le 28 avril nous parler de son livre « Maman, je ne veux plus être juif  »

où il retrace son histoire d’enfant caché, celle de sa famille avant et pendant la guerre, entre Vienne et Charleroi, sur les routes de l’exode avec sa mère, qui sera courrière dans la résistance, et le destin de son père, de Malines à Auschwitz.
« Ce livre est un roman qui, sur des bribes de mémoire, navigue entre réalité et fiction pour tenter de faire vivre de l’intérieur ce que vivaient les protagonistes. C’est le cri vraisemblable de l’enfant dont l’identité chavire sous la violence du quotidien, les brutalités de la Gestapo, l’obligation de se cacher, l’interdiction de parler sa langue, l’obligation de prier à l’église, de rester seul à attendre le retour de A. (Arthur son père) et de F. (Fela sa mère). Le roman dévoile l’inconnu, démasque les replis de la mémoire. Je devais réinvestir le corps de ceux qui m’étaient chers, les habiter, vivre leur vie, penser leurs souffrances, leurs désirs, leurs incertitudes.….. L’écriture romancée m’a permis de rassembler les morceaux épars, reconstituer les vies silencieuses et, par la magie des mots, recréer des réalités possibles, presque des histoires véridiques (H.Bl.) »

Livre émouvant où l’écrivain s’identifie littéralement à ses personnages dont il revit les parcours croisés, les éclairant de sa vision intime faite de bribes de souvenirs d’enfant et en les insérant par une chronique minutieuse et documentée, dans les évènements du monde en guerre et dans ceux du microcosme de la résistance juive à Charleroi. Si son histoire particulière ressemble à celle de maints auditeurs venus nombreux l’écouter, il a choisi, après des années de silence et à près de 80 ans, de la raconter, d’y mettre ses mots. Cet exposé sous forme d’Interview et d’échanges avec le public, a permis à Harry Bleiberg, en répondant avec sensibilité aux questions, d’éclairer le processus littéraire qui lui a permis « d’habiter ses parents disparus » et ainsi de leur redonner vie.