Communiqué de : • Union Juive Française pour la Paix (France)
• Rete Eco, Ebrei Contro L’Occupazione (Italie)
• Jüdische Stimme für einen gerechten Frieden (Allemagne)
• Union des Progressistes Juifs de Belgique
• Jewish Voice for Democracy and Justice in Israel/Palestine (JVJP) (Suisse)
La question de l’islamophobie qui nous mobilise en Europe a été brutalement réactivée en Amérique du Nord, dans des proportions inattendues. Entouré d’antisémites pro-israéliens, Donald Trump a pris le 27 janvier le décret de la honte du #muslimban, interdisant l’entrée des États-Unis aux ressortissants de pays musulmans considérés globalement comme terroristes potentiels. Dans le même temps, il lâchait la bride à l’allié israélien en approuvant la colonisation et en envisageant de déplacer l’ambassade des États-Unis vers Jérusalem.
Les Européens ont été aussi surpris par l’ampleur de la riposte populaire, mêlant musulmans et militants de Black Lives Matter, hispaniques et juifs progressistes de Jewish Voice for Peace.
Pour beaucoup de manifestants américains, la question de la Palestine et celle de la fermeture des frontières doit être liée : « From Palestine to Mexico, all walls have got to go » (De la Palestine au Mexique, tous les murs doivent tomber).
Le passage à l’acte a pris une tournure tragique, le 29 janvier, avec l’attentat terroriste contre la mosquée de la ville de Québec. Stimulé par son enthousiasme pour Donald Trump, par la venue au Canada de Marine Le Pen et son admiration pour l’armée israélienne, Alexandre Bissonnette, un ultranationaliste, a organisé et exécuté un attentat terroriste à la fin de la prière à la mosquée de Québec, faisant six morts et huit blessés.
Le premier ministre canadien Trudeau a parlé d’« attentat terroriste ». Un courage politique à peu de frais qui fait cependant rêver dans la vieille Europe. Nous constatons la faiblesse des réactions à cette forme de terrorisme de la part des institutions gouvernementales et des grands médias européens. Nous aurions voulu que l’on parle vraiment de Karim Hassane, 41 ans, analyste informatique originaire d’Algérie ; d’Azzedine Soufiane, 57 ans, un épicier d’origine marocaine ; d’Aboubaker Thabti, 44 ans, d’origine tunisienne, qui travaillait dans la pharmacie ; de Mamadou Tanou Barry, 39 ans, comptable ; Ibrahima Barry, 39 ans, employé, tous deux d’origine guinéenne ; et de Khaled Belkacemi, 60 ans, professeur et chercheur à l’Université Laval d’origine algérienne.
Les organisations suivantes, membres d’EJJP (Juifs Européens pour une Paix Juste), s’insurgent contre la sous-estimation volontaire de ces crimes par les grands médias européens, et affirment leur solidarité avec les victimes des politiques xénophobes et des crimes de haine islamophobes. Si l’heure est au passage à l’acte pour les racistes, l’heure est pour nous à la résistance solidaire en Europe comme en Amérique du Nord !
Publié le samedi 4 mars 2017