[Grève des sans-papiers] Prise de parole de Youri Lou Vertongen

Jeudi 1er juillet 2021, jour 40 de la grève de la faim de 430 sans-papiers au Béguinage, à l’Ulb et à la Vub, à Bruxelles devant l’église du Béguinage, 16 représentants d’associations et des syndicats sont venus exprimer avec une colère retenue et avec solennité , aux côtés de l’union des sans papiers pour la régularisation et avec la campagne « We Are Belgium Too », l’urgence pour le gouvernement de sortir de l’immobilisme et de sa surdité et de trouver une solution humaine et solidaire aux drames d’exclusion du droit et des droits sociaux que vivent les sans papiers. Sammy Mahdi, entends-tu?

Youri Lou Vertongen, membre de l’UPJB et de sa commission Migrations, a pris la parole au nom de l’association.

Bonjour à tous et toutes,

Je m’adresse aujourd’hui au nom de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB).

En tant qu’organisation progressiste et composée d’enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants d’immigrés, nous nous sommes toujours positionnés sur les enjeux migratoires, et plus particulièrement sur les enjeux attenant à la régularisation des « sans-papiers ».

Les parcours de ces milliers d’hommes et de femmes qui ont fui la misère, la guerre ou la répression nous rappellent ceux de nos parents, grands-parents ou arrière-grands-parents, dont nombre d’entre eux sont arrivés en Belgique en étant « sans-papiers ». Comme eux, ils ont éprouvé à plusieurs reprises les mécanismes de discrimination, de ségrégation et de xénophobie à leur égard. Comme eux, ils ont été confrontés aux coutumes de l’inhospitalité de l’État belge. Et comme eux, ils ont dû lutter, pied à pied, jour après jour, pour bénéficier d’une reconnaissance légale de leurs droits fondamentaux.

Nous étions de la mobilisation de la fin des années 1990, cristallisée après le meurtre de Semira Adamu, étouffée par les gendarmes chargés de son expulsion, et qui finit par aboutir la campagne de régularisation de 1999-2000.

Nous étions de la mobilisation de la fin des années 2000, matérialisée autour de l’occupation de l’ensemble des campus universitaires du pays par des personnes « sans-papiers » en grève de la faim, et qui finit par aboutir la campagne de régularisation de 2009.

Nous sommes à nouveau mobilisés aujourd’hui, à l’aune d’une campagne de régularisation massive que nous appelons de nos vœux, et sommes solidaires des revendications portées par les grévistes de la faim de l’église du Béguinage, de la VUB, de l’ULB et du « SeeYou », et plus largement du « mouvement sans-papiers » dans son ensemble : Régularisation de tous les « sans-papiers » et inscription dans la loi de 1980 de critères clairs et permanents de régularisation.

 En tant qu’organisation de soutien, nous reconnaissons et respectons l’autonomie discursive, décisionnelle et actionnelle des « sans-papiers » mobilisés. Par conséquent, il ne nous appartient pas de juger moralement ou politiquement les moyens mis en œuvre par les acteurs mobilisés, fusse-t-elle celui de la grève de la faim : Nous soutenons la cause des « sans-papiers » et l’ensemble des personnes qui portent cette cause, qu’importe les outils de lutte qu’ils privilégient.

Cela étant, le fait que les personnes « sans-papiers » des occupations de l’église du Béguinage, de la VUB, de l’ULB et du « SeeYou » aient aujourd’hui privilégié l’action de la grève de la faim nous apparaît comme le symptôme d’un rapport abjecte que notre société entretient avec les étrangers depuis toujours, et qui les poussent à mettre en jeu jusque leur propre santé pour obtenir une reconnaissance légale de leurs droits fondamentaux en Belgique. Eux, dont le parcours migratoire a déjà tant de fois charrié la mort et la répression.

Solidarité avec les « sans-papiers » !

Régularisation de tous les « sans-papiers » maintenant !

Youri Lou Vertongen
aka « Bourdon Théâtral »