Le 27 janvier 1945, il y a aujourd’hui quatre-vingt ans, le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, installé à quelques kilomètres de la ville de Cracovie, en Pologne occupée, est libéré par l’Armée Rouge. Celle-ci a été fondée vingt-six ans plus tôt, par le dirigeant communiste Lev Davidovitch Bronstein (Léon Trotski), à partir de la Garde rouge, bras-militaire de la Révolution bolchevik, sur l’enseignement de La Commune de Paris de 1871.
Les chambres à gaz homicides de la plus grande usine de mort de tous les temps, en service au cœur de l’Europe, auraient pu être bombardées par la Royal Air Force anglaise (RAF) et la United States Air Force (USAF). Clairement documentées de la « Solution finale » dès 1942, la RAF et la USAF ne l’ont pas fait ! Résultat : le génocide des Juifs d’Europe, débuté quelques mois avant, s’est poursuivi jusqu’à la chute complète du IIIe Reich le 8 mai 1945.
SYMPATHIE NAZIE DE L’AMBASSADEUR US
Ce Reich qui devait être millénaire avait vu le jour en 1933, lors de la victoire électorale du NSDAP. Un parti nationaliste d’extrême droite fondé, quatorze années auparavant, par la société Thule, une organisation d’aristocrates et d’autres notables pangermanistes souhaitant l’édification d’une nouvelle Allemagne. Après la défaite définitive en 1918 du Deutsches Kaiserreich (Empire allemand),
la République de Weimar, qui lui succède, est littéralement occupée par les forces alliées qui se vengent sur sa population dans sa totalité. Cette dernière est exploitée, comme les peuples indigènes des colonies occidentales d’outre-mer, pour payer les crimes de la classe dirigeante allemande commis durant le Premier Conflit mondial.
C’est dans cette Allemagne, divisée et appauvrie, que les nazis arriveront ensuite au pouvoir. Une ascension rendue possible après une alliance politique avec des partis régionaux de la droite conservatrice chrétienne, des haut-gradés de l’armée aux traditions prussiennes et d’une bonne partie du patronat allemand. Mais aussi avec un soutien extérieur de taille : celui de Washington, comme nous pouvons le lire dans les rapports sur la situation allemande en 1938, envoyés par son ambassadeur à Londres, Joseph Patrick Kennedy, le père en personne du futur président des États-Unis. Homme d’affaires, le diplomate US sera reconnu, plus tard, comme « sympathisant du nazisme » et « antisémite forcené », comme le conte notamment l’écrivain Marc Dugain, dans son roman politique La Malédiction d’Edgar, édité chez Gallimard en 2005 (Le Monde du 29 août 2009).
Le NSDAP avait alors été choisi comme force répressive pour faire barrage aux communistes. Les anticapitalistes révolutionnaires étaient, à ce moment précis, de plus en plus populaires dans la classe ouvrière, de Berlin à Munich et quasi partout dans le reste de la république allemande.
L’ORIENTATION VÖLKISCH DU NATIONALISME BLANC
Les crimes de masse contre l’Humanité des Juifs, des Tziganes, des communistes, des socialistes, des homosexuels, des francs-maçons … a été possible, suite à l’endoctrinement politique d’une majorité silencieuse, au compte-gouttes, année après année, par un programme élitiste d’extrême droite, dont le socle de départ est le nationalisme « völkisch » (du peuple au sens racial, c’est-à-dire basé sur la « loi du sang »). En 2025, celui-ci est toujours au programme du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) qui pourrait être victorieux aux élections législatives allemandes du 23 février prochain.
Les discours de haine contre « eux » (les étrangers, les immigrés, les migrants, les réfugiés, les exilés, les pauvres…) et « nous d’abord » (les nationaux ou les patriotes qui sont « chez nous »), conduisent toujours aux assassinats sélectifs et massifs. C’est l’enseignement de l’Histoire et des faits de notre actualité contemporaine qui nous le démontrent, chaque jour après le lever du soleil.
PLUS JAMAIS ÇA ?
À Auschwitz, plus d’un million de bébés, d’enfants, d’adolescents, d’adultes et de personnes âgées, uniquement parce que nés juifs, ont été assassinés, avec les autres victimes de l’extrême droite européenne de l’époque.
Au total, soixante à septante millions de personnes sont mortes durant la Deuxième Guerre mondiale, dont plus de six millions de Juifs (européens pour la majorité), près de six millions de Polonais (juifs, catholiques, militaires, communistes et résistants), dix à vingt millions de Chinois, vingt-deux à vingt-sept millions de Soviétiques, un à trois millions de civils allemands (par les bombardiers de la RAF et de la USAF à partir de mars 1943) …
« Plus jamais ça ! » ont scandé, haut et fort, les survivants de l’horreur nazie, les Libérateurs de l’Europe, de l’Afrique du Nord, de sa partie subsaharienne et des pays asiatiques occupés par l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon colonialiste.
Quatre-vingt ans après, force est de constater qu’on est loin de cet engagement humaniste de valeurs universelles. Les génocidaires racistes de l’extrême droite haineuse poursuivent en effet, plus que jamais, leurs crimes de masse, aux quatre coins du globe terrestre.