[Communiqué de l’ABP] Oser nommer l’apartheid

Source : site de l’ABP

« This is Apartheid » (« ceci est de l’apartheid »). C’est l’intitulé de la campagne que nous avons lancée le 30 novembre 2019 pour faire prendre conscience de la réalité du système d’oppression imposé par Israël aux Palestiniens et de l’importance de l’appeler par  son nom. C’est également le titre d’un rapport publié ce 11 janvier 2020 par B’Tselem, la plus grande ONG israélienne des droits humains.

Pas plus que son titre, le contenu de ce document ne souffre de la moindre ambiguïté. « Bien qu’il y ait une parité démographique entre les deux populations qui vivent ici, la vie y est organisée de telle manière que la moitié seulement jouit de la grande majorité du pouvoir politique, des ressources terrestres, des droits, des libertés et des protections. » affirme ainsi Hagai El-Ad, le directeur général de B’Tselem. Le rapport bat en brèche la distinction établie entre Israël et le territoire palestinien occupé (TPO), qui permet à Israël de se définir comme une démocratie. « En réalité, un seul gouvernement gère toute personne et toute chose entre la rivière et la mer, selon le même principe organisateur partout où il exerce son contrôle, travaillant à faire progresser et perpétuer la suprématie d’un groupe de personnes – les Juifs – sur un autre – les Palestiniens. C’est l’apartheid. »

Les faits que relèvent ce rapport sont notoirement connus, et sa conclusion n’a rien d’inédit. En 2011 déjà, les juristes et membres du Tribunal Russell sur la Palestine se sont penchés sur l’opportunité d’appliquer la notion de crime d’apartheid à la réalité vécue dans l’ensemble du territoire sous contrôle israélien. Leur verdict fut sans appel : « Israël soumet le peuple palestinien à un régime institutionnalisé de domination considéré comme apartheid en vertu du droit international ». En 2017, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO) parvenait aux mêmes conclusions dans un rapport dé-publié depuis par le secrétaire général de l’institution sous la pression des États-Unis et d’Israël.

Qu’une association qui fait autorité y compris parmi ceux qui tentent de préserver vaille que vaille l’image d’Israël en arrive à utiliser ce terme de manière aussi formelle représente toutefois un fait nouveau. Il devrait achever de convaincre toutes personnes, organisations et formations politiques attachées aux droits humains de mettre fin à l’insupportable pudeur lexicale qui prévaut dès lors qu’il s’agit de qualifier la politique israélienne de suprémacisme racial, a fortiori à l’heure où sa pratique de nettoyage ethnique s’accélère à un rythme effréné. Pour mémoire, l’apartheid est, avec le génocide, le seul crime international dont la communauté internationale a le devoir d’empêcher la perpétration.

« Voyez la réalité pour ce qu’elle est, nommez-la sans broncher – et permettez la réalisation d’un avenir juste. » conclut Hagai El-Ad en commentaire du rapport. L’ABP appelle le gouvernement belge et les institutions européennes à entendre cette exhortation, et à qualifier une fois pour toute l’entreprise criminelle que représente l’apartheid par son nom. Il s’agit également d’en tirer les conséquences qui s’imposent, notamment en imposant des sanctions contre Israël et en entreprenant des démarches pour reconstituer le Comité spécial des Nations Unies contre l’apartheid.

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