L’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB) souhaite réagir à l’article de Vincent Braun publié ce 26 septembre 2019 dans La Libre, intitulé « Cette campagne entretient la haine d’Israël : un rapport officiel prouve la “nature antisémite” du mouvement BDS ».
Ce rapport de 94 pages, intitulé dans sa version anglaise “Behind the Mask. The Antisemitic Nature of BDS exposed », est publié par le ministère israélien « des Affaires stratégiques et de la Diplomatie publique » (https://4il.org.il/…/uploads/2019/09/MSA-report-Behind-the-…). Son unique objet est de tenter de démontrer la nature prétendument antisémite du mouvement BDS. Il a été présenté ce 25 septembre à Bruxelles par le ministre israélien responsable Gilad Erdan, membre du parti du Premier ministre Benyamin Netanyahu.
L’article de La Libre présente ce rapport et les propos tenus à Bruxelles par ce ministre de façon complaisante et sans aucune distance critique. Nous le déplorons vivement et tenons à faire la mise au point suivante.
Comme de nombreuses autres associations juives en Europe et ailleurs dans le monde, y compris en Israël, l’UPJB soutient la campagne BDS (boycott/désinvestissement/sanctions). Rappelons que celle-ci a été initiée en 2005 par 171 associations de la société civile palestinienne pour contraindre l’État d’Israël à respecter enfin le droit international. Cette campagne citoyenne non violente a été lancée après 57 ans de déni des droits des exilés palestiniens, 57 ans de discriminations graves envers les Palestiniens citoyens d’Israël et 38 années d’occupation et de colonisation des territoires conquis par l’armée israélienne lors de la « Guerre des Six Jours » de 1967. Et après le refus de l’État d’Israël de démanteler la « barrière de séparation » construite en Cisjordanie occupée dont, pour cette raison, le tracé a été déclaré illégal par la Cour internationale de Justice de La Haye en 2004.
Aujourd’hui, 71 ans après la création de l’État d’Israël et l’exil forcé de 80% de la population arabe palestinienne du territoire sur lequel s’est constitué cet État, alors que l’occupation militaire et la colonisation des territoires conquis il y a maintenant 52 ans se poursuit sans désemparer en contravention flagrante avec le droit international et les résolutions de l’ONU, les gouvernements nationaux et les institutions politiques internationales compétentes continuent à n’exercer aucune pression digne de ce nom susceptibles de forcer les dirigeants israéliens à respecter enfin la légalité internationale. Ceci alors que la situation des populations palestiniennes vivant sous occupation (à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et sur le plateau du Golan), sous un interminable blocus des plus sévères et complètement illégal (à Gaza) ou en tant que citoyens israéliens de seconde zone en Israël, ne cesse de s’aggraver.
Cette situation rend le mouvement BDS tout à fait justifié à nos yeux dans la poursuite de ses trois objectifs :
– Mettre fin à l’occupation et à la colonisation des territoires occupés par Israël depuis 1967 et démanteler la « barrière de séparation ».
– Reconnaître les droits des citoyens arabo-palestiniens à une égalité absolue avec les citoyens juifs de l’État d’Israël.
– Faire enfin appliquer la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU de décembre 1948 qui consacre le droit au retour des exilés palestiniens.
Nous n’ignorons pas que des antisémites se réclament du mouvement BDS, de même qu’ils tentent souvent de déguiser leur antisémitisme en antisionisme. Nous n’avons rien à voir avec eux et nous les combattons fermement avec la grande majorité des associations et des personnes qui se sont engagées dans ce mouvement et qui sont irréprochables sur cette question. Mais nous ne sommes pas dupes. L’accusation d’“antisémitisme“ est le seul argument qui reste à la propagande israélienne pour empêcher toute pression envers un État qui bafoue sans cesse, depuis qu’il existe et de plus en plus gravement, le droit international ainsi que les droits humains les plus élémentaires. Les attaques contre BDS ont pour seul objectif de perpétuer l’impunité internationale dont jouit cet État.