Jeudi 24 février, les troupes russes ont entrepris leur agression contre l’Ukraine.
Au-delà des victimes, des souffrances et des destructions que cette guerre a et continuera inévitablement de provoquer, ce qui se joue, et qui définira les rapports internationaux, c’est la propension des impérialismes à user de la force brutale pour dominer d’autres pays ou occuper des territoires sur lesquels ils considèrent avoir des « droits historiques ».
Nous refusons un monde où les conflits internationaux se règlent avec l’intimidation, la violence et la loi du plus fort. La guerre en Ukraine ne peut se résoudre autrement que par la cessation des attaques de l’agresseur russe et le retrait immédiat de ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien. Nous dénonçons le caractère mensonger des allégations de Poutine qui prétend « dénazifier » l’Ukraine et arrêter un « génocide » contre les populations russophones. Nous rappelons que le président ukrainien Zelenski est également juif et russophone. Au second tour d’élections présidentielles démocratiques, il a obtenu plus de 73% des suffrages exprimés.
À gauche, la critique radicale de l’impérialisme occidental ne peut servir de justification ou de circonstance atténuante à la guerre menée par l’impérialisme russe en Ukraine. À nos yeux, la présente guerre en Ukraine conduite par Poutine ne justifie en aucun cas la guerre menée en Irak par les États-Unis de Bush ; pas plus que l’occupation de l’Afghanistan par les Soviétiques dans les années 80 ne justifiait l’occupation de l’Afghanistan par l’alliance occidentale. La politique de Poutine a pu tirer profit des choix stratégiques de l’OTAN concernant la Russie post-soviétique. Nous rappelons que la propagande du gouvernement russe est désormais axée sur l’exaltation du passé tsariste. Les Juif·ves sont bien placé·es pour savoir que cet Empire était une prison des peuples.
De même, l’invasion russe de l’Ukraine ne peut servir à justifier une exacerbation d’un bellicisme occidental. Nous reconnaissons l’importance de politiques bien ciblées de boycott, de désinvestissement et de sanction contre un État agresseur qui viole le droit international.
Notre solidarité va en premier lieu à la résistance du peuple ukrainien, aux victimes des affrontements sur le sol ukrainien, aux opposant·es en Russie dont nous saluons le courage, et aux millions de réfugié·es que cette guerre ne manquera pas de créer et qui ont déjà fui leur pays.
Une chose essentielle dans la situation présente est d’acter qu’un accueil humain est matériellement possible lorsque nos gouvernements s’en donnent les moyens et s’abstiennent de tout discours xénophobe. Il faudrait que ce soudain sursaut d’hospitalité ne soit pas oublié par rapport aux autres personnes condamnées à tout quitter pour avoir une chance de sauver leur peau. En tant qu’association progressiste, nous saisissons cela comme une occasion de réaffirmer le droit de circuler et de s’installer librement partout dans le monde.
Enfin, si notre histoire et notre mémoire juives se vivent dans la dispersion, nous exprimons ici et maintenant notre solidarité avec tou·tes les exilé·es quelle que soit leur origine, leur croyance ou leur couleur de peau.
© Photo : Françoise Nice – « Maman, Pourquoi la guerre ? Signé Filipp »