Les événements survenus en Méditerranée au cours de l’année 2015, communément qualifiés de « crise des migrants », ont constitué le révélateur d’une crise profonde en Europe. Mais de quelle « crise » parlons-nous ? Et pourquoi le fait migratoire est-il aujourd’hui le plus souvent réduit, en Europe, à cette notion de « crise » ?
L’emploi récurrent du vocable de « crise » reflète la réticence voire le refus des États européens d’intégrer les dimensions contemporaine et internationale d’un phénomène qu’il est illusoire de prétendre enrayer. Cette « crise » n’est pourtant ni nouvelle ni imprévisible. Ces réticences, ce déni se traduisent par une gestion meurtrière des frontières et le renoncement au principe de solidarité entre États membres. Elle met en évidence d’autres aspects de la crise que ceux indûment imputés aux personnes migrantes, et révèle que la véritable crise est davantage une crise de l’accueil.
Face à cet enjeu de l’accueil des primo-arrivants, ladite « crise » est depuis quatre ans l’occasion pour une série d’acteurs de la société civile de prendre leurs responsabilités et d’inventer et créer eux-mêmes, et parfois au prix d’une répression sévère, les conditions d’un accueil digne des exilés.
Qui plus est, réduire le phénomène migratoire à cette seule notion de « crise » a également pour effet d’invisibiliser d’autres aspects liés à cet enjeu, à commencer par celui de la régularisation des personnes « sans-papiers » présentes sur le territoire.
Au lendemain des élections régionales, fédérales et européennes, il importe plus que jamais de reconnecter entre eux les enjeux politiques de l’accueil des demandeurs d’asile et ceux liés à la légalisation des migrations « économiques », en rassemblant les différents intervenants engagés en faveur de la justice migratoire, les chercheurs comme les acteurs de terrain. La Belgique est le théâtre depuis quatre ans d’une lutte inventive et difficile, faite de mobilisations extraordinaires mais aussi d’un quotidien douloureux, kafkaïen pour ceux et celles qui cherchent un lieu d’asile et un statut juridique clair et légal.
Pour faire le point en cette rentrée encore pleine d’incertitudes politiques, nous recevrons le vendredi 27 septembre prochain :
Adriana Costa Santos (porte-parole de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés)
Serge Bagamboula (porte-parole de la Coordination des Sans-papiers de Belgique)
Pierre Verbeeren (directeur de Médecins du monde Belgique et co-auteur (avec François Gemenne) de l’ouvrage « Au-delà des frontières. Pour une justice migratoire » (ed. Liberté j’écris ton nom)
Youri Lou Vertongen (chercheur doctorant FNRS, co-directeur de l’ouvrage « La Crise de l’Accueil. Frontières, Droits, Résistances » (ed. La Découverte)
Une rencontre-débat modérée par Françoise Nice.
Vendredi 27 Septembre, 20:15 Rue de la Victoire 61 - 1060 Bruxelles 02/537.82.45 info@upjb.be6€-4€ (membres)-2€ (réduit)