98%, disait-il
« Il », c’est Ralph Païs. Présenté comme vice-président d’un Centre juif d’information et de documentation, il était à l’unisson de l’ambassadrice d’Israël lors de l’émission QR le débat sur La Une animé par Sacha Daout le 24 septembre. Il n’avait pas supporté qu’Henri Goldman, au nom de l’UPJB, puisse déclarer que la population juive de Belgique était aussi diverse que n’importe quel groupe humain et qu’une part croissante de cette population se réjouissait de la reconnaissance de l’État palestinien et appelait à des sanctions renforcées contre Israël. Il s’était alors emparé du micro pour déclarer :
– que l’UPJB n’était pas une association juive ;
– que de toute façon elle n’était pas « représentative » et que 98 % de la communauté étaient en désaccord avec les propos tenus en son nom.
98 %, pas moins. Cette fable communément admise d’une communauté juive monolithique est une pièce importante dans le dispositif de la propagande israélienne. Celle-ci a besoin d’un bloc identitaire sans faille pour lui servir de pare-chocs face à la réprobation de plus en plus large des crimes commis contre le peuple palestinien.
Désolé, M. Païs, mais ce terrorisme intellectuel ne prend plus. Pour la petite communauté juive de Belgique de moins de 30 000 personnes, votre chiffre ne repose sur rien. Mais qu’en est-il pour la plus grande communauté juive hors d’Israël, celle des États-Unis qui compte environ 7 millions de membres ? Le 6 octobre, le Washington Post publiait un sondage mesurant leur attitude à propos de la guerre menée par Israël à Gaza. Pour 61 % des réponses, Israël y a commis des crimes de guerre et pour 39 %, ces crimes s’apparentent à un génocide. D’autres résultats de ce sondage sont plus ambigus. Mais les lignes bougent, en Europe comme en Amérique, et plus personne ne devrait pouvoir affirmer sans preuve que « 98 % » des Juif/ves de Belgique ou d’ailleurs pensent ceci ou cela.
Le dimanche 12 octobre, les associations juives autoproclamées représentatives des 98 % avaient appelé à une manifestation nationale pour commémorer le 7 octobre en reprenant tous les poncifs de la propagande israélienne. Elle rassembla, selon des observateurs, 500 personnes ou, selon une presse particulièrement bienveillante, 2000. Dans l’autre sens, au mois de mai, l’appel PAS EN NOTRE NOM avait récolté plus de 700 signatures en 3 jours.
L’UPJB – qui compte plus de 250 membres cotisants – et les autres collectifs de Juif/ves critiques nés plus récemment au sein de la communauté juive de Belgique n’ont jamais eu la prétention d’être « représentatifs » de toute cette communauté. Mais la fable des 98 % et nous traiter par le mépris, ça commence à bien faire.

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