2020 ou 2.0 2.0 ?
Gérard Preszow
Eté 86, Jan Hoet (1936-2014), le bouillonnant conservateur du musée d’art contemporain de Gand – qui, à l’époque, se réduit à quelques salles du musée des Beaux-Arts – lance « Chambres d’amis ». Formidable initiative qui vise à disséminer dans des maisons privées des créations d’artistes contemporains venus du monde entier. L’initiative, qui visait avant tout à populariser les créations les plus récentes, va surtout faire découvrir la ville de Gand, la plus harmonieuse ville du royaume. Jeu de piste à l’échelle 1 sur 1, l’exposition permet d’entrer chez les uns et les autres, de tous milieux. La ville s’offre et se décline sous toutes ses formes, de l’ancien au nouveau, des riches demeures aux modestes logis, voire même des kots étudiants, du centre ville aux quartiers périphériques. On en finit par oublier de regarder l’œuvre exposée au profit de la curiosité excitée par les intimités hospitalières. On s’invite chez les gens. On en redemande à tel point qu’on y revient de week-end en week-end. On entre on sort on marche on se croise et on se recroise parfois, cette idée de Jan Hoet demeure inoubliable et marque à jamais la suite des jours. Elle prouve l’effervescence que peut susciter l’art plongé dans un milieu organique !
Eté 88, avec sagacité, la commune de Saint-Gilles s’empare de l’idée et l’importe dans ses rues sous le nom de « Parcours d’artistes », une biennale mêlant le privé et l’associatif, artistes professionnels et amateurs, ateliers faisant fonction ou lofts de création. Quel bonheur de flâner ainsi dans la ville, d’aller de découverte en découverte, d’entrer chez les uns et les autres. Parfois, une certaine gêne de ne pas savoir comment réagir devant des œuvres moins à notre goût en présence de leurs auteurs. Ça fait partie du jeu ! Ou, au contraire, tout à coup, on la guette : une rumeur, une flambée, c’est Là qu’il faut aller et, en quelques heures, il faut faire la file en sachant que le temps nous est compté : un week-end pour le vernissage, un week-end pour l’exposition, un week-end pour la clôture !
Et de cette aventure, l’UPJB n’est pas en reste. Familière des pratiques culturelles et riche d’un milieu créatif, elle fixait déjà des rendez-vous réguliers lors de son « Café des artistes » qui, bientôt, allait rejoindre et se fondre dans « le Parcours d’artistes » saint-gillois.
Belle carte de visite qui allait s’enrichir au cours des éditions jusqu’à devenir un must aux propositions multiples : exposition où se côtoient œuvres de professionnels et d’amateurs, focus sur un(e) artiste en particulier (jusqu’ici Richard Moszkowicz et Max Lapiower), œuvre collective, fruit d’un atelier en amont (animé par Lorka), ainsi que diverses activités (spectacles, projections, conférences…).
2020 : boum patatras. Confinement, lock down, gestes barrières, distanciation sociale, télétravail, distanciel, zoom, jitsi… Désormais 2020 se mue en 2.0 2.0. Mais tout est pourtant prêt de longue date. Claudine Van O s’y est prise bien à temps pour que l’UPJB puisse vous accueillir selon la formule éprouvée tandis que Tessa, imperturbable, se tient prête : amateurs et professionnels se partagent les cimaises, focus sur la graveuse Michèle Baczynski, l’œuvre collective issue de l’atelier animé par Anne Liebhaberg…
Mais au fait, à quel temps fallait-il écrire ce qui précède ? Au conditionnel de l’hésitation ? Au subjonctif de la toile digitale ? Ou au présent de votre visite ?
Soyez les bienvenus à l’UPJB, quel que soit le parcours emprunté !
Dates de l’exposition:
- Samedi 26 et dimanche 27 septembre de 14h à 19h.
- Samedi 3 et dimanche 4 octobre de 14h à 19h.