C’était le parti communiste le plus puissant et aussi le plus original d’Europe occidentale. À la fin des années 1970, le Parti Communiste Italien représentait près d’un tiers des électeurs de la péninsule, il gérait de nombreuses villes et régions et exerçait son hégémonie sur le monde culturel. Il se distinguait par une participation politique massive et sans précédent de ses militants. Il faisait rêver la gauche européenne.
Sa décision de se saborder alors qu’il demeurait une force politique majeure a désespéré des centaines de milliers de militants et a rendu la gauche italienne à jamais orpheline. Cet essai analyse les raisons d’une disparition qui continue d’interroger les historiens. Le « communisme démocratique » inspiré par le marxisme singulier d’Antonio Gramsci a été élaboré par son emblématique secrétaire général Enrico Berlinguer (1922-1984), disparu avant d’être allé au bout de son projet. Mais son héritage doit encore parler à une gauche européenne en déshérence. Précurseur d’une écologie sociale, Berlinguer a été le premier à mettre l’accent sur la nécessité de construire une nouvelle alliance entre les exclus et le mouvement ouvrier traditionnel. C’est lui aussi qui mit en avant le rôle déterminant du mouvement des femmes sans lequel, disait-il, il ne peut y avoir de révolution. C’est bien cet « héritage perdu » et les leçons que l’on peut en tirer pour aujourd’hui qui sont au centre de cet essai.