Le tournant du XIXe au XXe siècle a été marqué par une émigration massive de Juifs d’Europe vers le continent américain. Certaines évaluations maximales vont jusqu’à avancer le chiffre de plus de 2 millions de Juifs qui auraient émigré vers les Etats-Unis entre 1880 et 1940 tandis qu’un peu moins d’un million arrivèrent en Amérique latine et plusieurs centaines de milliers au Canada. En parallèle, des centaines de milliers de «Turcos» ont émigré vers l’Amérique latine à cette époque. Ce nom désigne des personnes avec un passeport ottoman quelle que soit leur religion. La rencontre entre ces émigrations juives et les sociétés latino-américaine a donné lieu à des échanges constants dans tous les domaines. Je suis convaincu qu’il y a une singularité de ces relations par rapport à ce qu’on a pu observer dans les autres parties du monde.
Une longue tradition de métissage culturel a contribué à cette situation. Dans l’actualité, on peut constater que la candidate la mieux placée pour les élections présidentielles mexicaines du 2 juin prochain est Claudia Sheinbaum Pardo. C’est une militante de gauche connue pour son engagement féministe et écologiste. Son père provient d’une famille ashkenaze, originaire de Lituanie, qui a joué un rôle actif dans le mouvement communiste mexicain. Sa mère vient d’une famille séfarade de Bulgarie, réfugiée au Mexique dans les années quarante, également active au sein de la gauche.
Laurent Vogel abordera la question des Juifs en Amérique latine à partir de la littérature et il nous présentera quelques livres, disponibles également en traduction française, qu’il considère comme particulièrement utiles à la compréhension de la place singulière de l’Amérique latine pour les Juifs et des Juifs pour l’Amérique latine.