Le monde juif dans les cinémas d’Ukraine #1 : « Le Bonheur juif »

Les territoires qui forment actuellement l’Ukraine ont été le berceau de milliers de communautés juives dont les plus anciennes remonteraient au huitième siècle de l’ère chrétienne. À la fin du dix-neuvième siècle, la population juive représente autour de 10 % de la population totale de ces territoires. Elle joue un rôle important dans le développement culturel, social et politique du “yiddishland” au cours des derniers siècles. Trois catastrophes majeures ont marqué l’histoire juive sur ces terres : les massacres perpétrés pendant l’insurrection anti-polonaise de Khmelnitski au dix-septième siècle, les pogromes entre 1918 et 1921 pendant la guerre civile et dans les territoires contrôlés par le gouvernement de Petlyura, l’extermination presque totale de la population juive entre 1941 et 1943 par les nazis, avec une participation active de la droite nationaliste ukrainienne. Notre cycle présentera différents films produits en Ukraine entre 1925 et aujourd’hui. 

Le premier, Le Bonheur juif, est un film muet soviétique de 1925 avec la participation exceptionnelle de Salomon Mikhoels (assassiné sur ordre de Staline en 1948 peu avant la liquidation du Comité Juif Antifasciste).

Le protagoniste y est un Juif de condition modeste. Il habite la petite bourgade ukrainienne de Berditchev et a toujours rêvé de faire fortune. Il part pour Odessa et cherche en vain la réussite en étant tour à tour boursicoteur, courtier en valeurs mobilières ou en marchandises et enfin marieur. Basé sur un récit de Sholem Aleikhem, c’est une tragi-comédie sur la vie juive dans l’empire tsariste.