[Projection] « Brésiliens comme moi » de Susana Rossberg

Brésiliens comme moi de Susana Rossberg (2008, 86 minutes). En présence de la réalisatrice et de Maria Sueli, psychanalyste, une des participantes du film.

À travers la rencontre avec une communauté brésilienne croissante, en grande partie illégale, et qui se manifeste par son énergie, sa vivacité, sa diversité, ce film espère œuvrer pour une plus grande acceptation des étrangers en terre d’accueil.

 

Brésiliens comme moi est un film de rencontre où se croisent des migrants brésiliens vivant en Belgique. À travers la somme des histoires individuelles, on arrive à une compréhension d’un mouvement migratoire complexe. La première vague d’émigration brésilienne vers la Belgique est composée principalement de jeunes qui luttent contre la dictature militaire (1964-1985). Plus tard arrivent d’autres personnes, souvent poussées par la misère. Susana explique « Certains envoient de l’argent à leur famille, d’autres font venir femme et enfants ici parce que l’éducation y est meilleure, même si leur réalité est proche de l’esclavage. J’ai rencontré une assistante sociale qui m’a raconté que des Brésiliennes, engagées au noir dans des sociétés, sont payées 2 € de l’heure pour nettoyer des Ministères ! C’est très ironique de vouloir renvoyer ces gens vu que leur présence et leur salaire dérisoire arrangent bien certains  employeurs qui s’en servent contre l’augmentation des salaires légaux ».

La réalisatrice Susana Rossberg est à la fois une figure clé du cinéma belge et une personne d’une grande modestie, peu connue en dehors du milieu des cinéma. Frédéric Sojcher écrit « Susana Rossberg est l’une des monteuses les plus réputées en Belgique, tant du côté francophone que du côté flamand » (F. Sojcher : « André Delvaux : le cinéma ou l’art des rencontres » Le Seuil/Archimbaud ; 2005). Elle a notamment beaucoup travaillé avec Marion Hansel et Jaco Van Dormael. Dans une vision de l’histoire du cinéma qui ne considère que les réalisateurs (majoritairement des hommes), le rôle des autres participants à ce travail collectif (prise d’image, prise de son, montage, script, etc.) est rarement mis en évidence.

Susanna Rossberg est née à São Paulo en 1945. Orpheline à l’âge de 15 ans, elle est prise en charge par une tante aux Etats-Unis. Après quelques années, elle revient au Brésil et prend part aux luttes contre la dictature militaire tout en étudiant la psychologie et le théâtre. Elle doit s’exiler en 1967. En Belgique, elle décide d’étudier à l’INSAS. Elle explique son choix ; «  le choix ne fut pas immédiat. Je suis passée de la médecine à la psychologie, à la critique théâtrale, et finalement au montage de films et au métier de scripte. J’ai eu une jeunesse perturbée ; c’est à cause de la dictature militaire au Brésil que je suis venue en Europe et que, finalement, j’ai atterri à l’INSAS. Lorsque j’étudiais à l’INSAS, dans la section de mise en scène théâtrale, j’ai rencontré des élèves qui étudiaient le montage. Je me suis aperçue que leur métier, leur savoir-faire, leur occupation m’intéressait beaucoup, que ça me conviendrait bien. J’ai demandé à changer de section, à étudier plutôt le montage. Si on aime le cinéma au départ, travailler dans ce domaine est un peu comme une drogue. On devient un peu accro, on ne pense plus qu’à ça, on ne parle que de ça ».