Récital en yiddish : Chants de douleur, de deuil, d’espoir et de résistance

Par Catherine Buhbinder (soprano) et  Lucy Grauman (alto et  accompagnement au piano).

Ce que ces chants nous disent : Que l’on peut, anéantir en un seul jour, un foyer. Que les squares, les boulevards, peuvent être les mêmes alors que pour certains, la ville n’est que désespérance, larmes et rejets. Que l’on peut être à ce point condamné que partout où le regard se porte, il faut faire marche arrière. Que le soleil peut être rouge de colère. Qu’il est des berceuses macabres où l’on dit à un enfant : « Rendors-toi, ne fais pas attention à mes larmes », et en même temps : « Ton père ne reviendra plus ! » 

La tradition dit qu’il faut pleurer à un mariage en prévision des larmes que l’on n’aura pas l’occasion de verser. Mais que l’on peut, avec la force des kletzmorim et du chant, faire qu’une mère assassinée réapparaisse à sa fille pour danser dans un mariage imaginaire. Que si personne ne peut oublier, la nostalgie n’est peut-être pas la bonne voie. Qu’une fillette au visage de velours peut arrêter toute seule une caravane ennemie. Que l’on peut vouloir dormir en ne faisant qu’un avec son arme coincée entre la gorge et l’épaule. Afin que l’on puisse finalement chanter à la barbe de nos assassins : « Nous sommes là, toujours là ! »

Retrouver ces chants par-delà la pudeur et ce goût de mort qui nous empêchent d’accéder jusqu’à eux, les déchiffrer à travers le yiddish émouvant, est une manière de dessiner le printemps, par-delà la nuit.