Rencontre avec Nicole Malinconi autour de son dernier livre « De fer et de verre. La Maison du Peuple de Horta.
Présentation: Tessa Parzenczewski
C’est d’abord l’histoire d’un lieu prestigieux, la Maison du Peuple, bâtie en 1896 par Victor Horta en plein cœur de Bruxelles, inaugurée en grande pompe dans la clameur de l’Internationale et des slogans du monde ouvrier… L’architecte rompait avec le style prudent de ses prédécesseurs, innovait avec la ligne courbe, l’asymétrie, l’honneur rendu au fer, au verre, à la lumière. Horta offrait au jeune Parti Ouvrier Belge un lieu à la hauteur de ses aspirations. C’est donc aussi l’histoire d’un mouvement ouvrier, des espérances qu’il a suscitées et dont la Maison était en quelque sorte le cœur. C’est également l’histoire d’un quartier, d’une ville, de deux guerres, et dans la foulée, une évocation du sort de la population juive des Marolles.
70 ans après l’avoir érigée, le parti socialiste décida de détruire l’œuvre de Horta, sans états d’âme, et malgré de nombreuses protestations en Belgique et dans le monde. Aujourd’hui, une tour banale, a pris sa place, témoin de l' »esthétique » des sixties, et plus en adéquation avec un monde mercantile.
Après une première œuvre remarquée, « Hôpital silence » (1985), inspirée par son expérience d’assistante sociale en milieu hospitalier, Nicole Malinconi a poursuivi son travail d’écriture, explorant tour à tour la sphère de l’intime, comme dans « Nous deux », qui évoque les relations mère-fille, et qui a obtenu le prix Rossel en 1993 ou « A l’étranger » qui relate son enfance en Italie, mais aussi en s’aventurant dans des territoires plus périlleux pour tenter de comprendre les secrets de l’inhumanité, dans « Vous vous appelez Michèle Martin » et plus récemment, avec « Un grand amour », dialogue documenté avec la veuve de Franz Stangl, commandant de Treblinka.