Dans les années ’60 et ’70, des milliers de jeunes Juifs d’Argentine adhèrent aux organisations révolutionnaires armées. Suivant les organisations, le pourcentage de militants juifs peut varier de 25 à 40% alors que la population juive se situe en dessous de 2% de la population totale du pays.
Si cet engagement s’inscrit dans un contexte plus général de la radicalisation d’une grande partie de la jeunesse urbaine en Amérique latine, il n’en reste pas moins beaucoup plus marqué au sein de la jeunesse juive. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette tendance.
Chez certains, une tradition politique antérieure dans les organisations de jeunesse du sionisme socialiste (principalement l’Hashomer Hatzair) ou de tendance communiste a précédé le passage vers les organisations révolutionnaires. Chez d’autres, la transmission communautaire de valeurs concernant l’engagement, l’égalité et la justice ainsi que la mémoire des persécutions en Europe ont été également des facteurs importants.
Enfin, la dictature militaire et les mouvements d’extrême-droite qui l’avaient précédée sont marqués par une forte tradition antisémite qui remonte au début du XXe siècle et qui associe les Juifs à la subversion révolutionnaire.
Cet exposé s’appuiera sur des entretiens personnels, des archives militantes et un livre récemment publié par Pedro Goldfarb, un chercheur israélien d’origine argentine (Por los caminos que conducen… ! a la revolución ! Jóvenes judíos en la militancia revolucionaria en la Argentina entre los años 1966 y 1983, Buenos Aires, 2023). En parallèle, l’UPJB organise un cycle « Regards juifs dans le cinéma d’Amérique latine » qui se déroule de janvier à juin 2025.