Vivre c’est écrire, chanter, conter, cuisiner, « accordéonner » et graver…
Claudine Van O
Michèle Baczynsky me reçoit chez elle avec un bon café et une « oreille d’Aman » cuisinée le matin même avec les petits de l’école Beth Aviv… La table de dessin, le lutrin et l’accordéon ont trouvé place dans le salon/salle à manger. Le long des murs, accrochées à des cordes, sèchent les dernières gravures. On dirait des vêtements d’enfants imprimés de jolis motifs et de couleurs douces bleues, ocres, roses, vertes… La presse patiente dans un petit local coincé entre la chambre et la salle de bain.
Les journées de Michèle sont rythmées par le cours de peinture à l’académie, les histoires de cuisine et leurs recettes qu’elle teste toujours avant leur publication dans Regards, le magazine du Centre Communautaire Laïc Juif, son travail à l’école Beth Aviv, l’accordéon et le chant, la gravure qu’elle pratique quotidiennement.
Lorsque je lui demande comment elle est venue à la gravure, elle respire un grand coup et commence par le début : « toute petite j’écrivais des histoires, des contes, des poèmes et je chantais. Je transformais les histoires des livres d’école qui m’ennuyaient et l’institutrice m’autorisait à les raconter à mes camarades. Mes parents m’ont inscrite au cours de piano. J’aimais la musique… Un jour j’ai envoyé une cassette à Jacques Careuil. Il m’a invitée à l’émission Feu vert. Son pianiste a joué ma composition et j’ai déclamé un de mes poèmes… Mes parents étaient tellement fiers !!! »
Et la gravure ? Elle reprend : « j’entrais en secret dans la chambre de mon frère Alain. J’y trouvais des livres d’art, des articles de presse en lien avec l’art découpés dans Le Monde. J’adorais… C’est lui qui m’a ouvert la porte vers les arts ». De 7 ans son aîné, son frère avait déjà vécu le kibboutz en Israël et une école de design à Bourges.
Son adolescence est marquée par le décès de son père. Elle bat de l’aile et sa mère « l’envoie » en Israël chez sa tante paternelle. Elle vit quelques années salutaires bercées de soleil entre Haïfa et Jérusalem. Sa culture juive en sera définitivement transformée…
Et la gravure ? De retour au pays, il lui faudra trouver quelque chose d’intense pour combler sa vie. Elle découvre le travail de Frans Masereel et celui de l’avant-garde juive russe avec Chagall et Lissitzky entre autres. C’est le choc. Elle s’inscrit à l’école des arts d’Uccle et en sort diplômée en gravure.
Michèle Baczynsky manie la gouge avec légèreté. Ses linogravures recèlent de doux mélanges : sujets parlant de vies quotidiennes, traits spontanés et aériens, aplats de couleurs légers.
A découvrir…
Baczynsky, M. La mariée – Linogravure
Baczynsky, M. Borsht – Eau forte
Dates importantes :
2018 : International Printmaking Biennial of Douro – Portugal ;
2017 : Les Enfants de la Red Star Line (écriture fiction) éd. La Renaissance du Livre ;
2013 : Exposition Maison de la Culture Yiddish à Paris ;
– Diplômée section gravure de l’École des Arts D’Uccle ;
– Collaboration à Regards (CCLJ) : rubriques « Histoires pour grandir » (micro-fictions) et « Carnet de cuisine » ;
– Publication de nouvelles aux éd. Averbode, dans la revue Rue Saint-Ambroise et dans la revue d’ethnopsychologie L’autre ;
– Son groupe Talita Koumi tournera en Belgique et à l’étranger pendant plus de 10 ans.
Dates de l’exposition:
- Samedi 26 et dimanche 27 septembre de 14h à 19h.
- Samedi 3 et dimanche 4 octobre de 14h à 19h.
Parcours d’artistes Saint Gilles 20