Vendredi 22 octobre, le gouvernement israélien a annoncé qualifier de « terroristes » six organisations de la société civile palestiniennes de défense des droits humains, parmi lesquelles des partenaires directs des ONG belges. Nous, organisations belges signataires de la présente déclaration, condamnons fermement cette criminalisation des organisations palestiniennes de défense des droits humains et réaffirmons notre soutien et notre solidarité avec les organisations de la société civile palestinienne. Nous demandons à la Belgique et à l’Union européenne d’exiger d’Israël qu’il révoque immédiatement cette mesure.
Vendredi, le Ministre israélien de la défense Benny Gantz a publié un décret militaire qualifiant d’ «organisations terroristes» six organisations palestiniennes : Addameer, Al Haq, Defense for Children International – Palestine, Union of Agricultural Work Committees, Bisan Center for Research and Development et Union of Palestinian Women Committees. Toutes ces organisations sont des organisations reconnues de défense des droits des Palestiniens avec lesquelles, nous, organisations de la société civile belge signataires de la présente déclaration, travaillons régulièrement et en lesquelles nous avons une entière confiance.
Des preuves « extrêmement vagues ou non pertinentes »
La plupart de ces organisations ont déjà été visées par des campagnes de diffamation menée par le gouvernement israélien (voir le rapport « Occupation and Shrinking space », janvier 2020), mais la mesure prise vendredi constitue un pas supplémentaire et très inquiétant. Il s’agit d’une escalade sans précédent dans la campagne de diffamation menée depuis des années pour criminaliser la critique des violations des droits humains par Israël. Israël ne veut pas seulement réduire l' »espace civique » des organisations de la société civile locale, il veut les détruire entièrement.
L’ONU est cinglante à propos des « preuves » israéliennes, évoquant des allégations « extrêmement vagues ou non pertinentes ». L’UE déclare quant à elle que des accusations similaires dans le passé se sont révélées « infondées ». La rapporteuse des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et le rapporteur des Nations Unies sur la liberté d’association ont également vivement critiqué l’action israélienne.
Interrogé sur les preuves concrètes contre les six ONG palestiniennes, le gouvernement israélien a répondu qu’elles étaient secrètes et classifiées.
Des conséquences graves
La qualification de « terroriste » permet au gouvernement israélien de prendre une série de mesures répressives (fermeture des bureaux, saisie des biens et arrestation de leurs personnel et affiliés) qui peuvent non seulement mettre en danger le travail de ces organisations mais aussi la sécurité de leurs employés et membres. Par ailleurs, tout soutien financier et politique à ces organisations peut être considéré par le gouvernement israélien comme un soutien au terrorisme. Cela peut par conséquent avoir des conséquences sur leur partenariat avec les organisations belges et européennes, ainsi que sur la coopération au développement dans le territoire palestinien en général.
Depuis les événements de mai dernier en Palestine et en Israël, la répression israélienne des organisations palestiniennes de défense des droits humains s’est intensifiée. Nous avons ainsi déjà dénoncé l’arrestation de Shatha Odeh, la directrice de l’organisation Health Work Committee et présidente du réseau des ONG palestiniennes (PNGO), détenue depuis le 7 juillet dernier par Israël.
A l’heure où la réalité du régime d’apartheid exercé par Israël sur le peuple palestinien est de plus en plus largement reconnue et exposée, à l’heure aussi où l’Autorité palestinienne connait une dérive autoritaire sans précédent, le rôle de la société civile palestinienne comme dernier rempart contre la violation des droits humains des Palestiniens est essentiel.
La condamnation de la mesure prise par Israël est unanime dans la communauté internationale de défense des droits humains. Comme le souligne l’organisation israélienne de défense des droits humains B’tselem, l’assimilation d’organisations de défense des droits humains à du terrorisme est « un acte caractéristique des régimes totalitaires ». On pourrait s’attendre à mieux de la part de l’autoproclamée « seule démocratie au Moyen-Orient ».
Nécessité d’une action européenne
Dans une déclaration commune, les organisations de défense des droits humains Human Rights Watch et Amnesty International ont noté à juste titre que « la façon dont la communauté internationale réagira sera un véritable test de sa détermination à protéger les défenseurs des droits humains ». Les organisations belges de la société civile signataires de la présente déclaration soutiennent l’appel de la société civile palestinienne, exprimé dans un communiqué commun du Conseil des organisations palestiniennes des droits humains (PHROC) et du réseau des ONG palestiniennes (PNGO). Elles condamnent fermement la mesure prise par le gouvernement israélien et demandent au gouvernement belge et à l’Union européenne :
- D’ exiger du gouvernement israélien qu’il révoque immédiatement la désignation de ces six organisations comme « organisations terroristes » ;
- D’exiger du gouvernement israélien qu’il cesse de criminaliser et de diffamer les organisations de la société civile palestinienne ;
- D’immédiatement prendre toutes les mesures nécessaires pour surveiller activement et défendre la sécurité des travailleurs des organisations visées ;
- De continuer à soutenir politiquement et financièrement le travail essentiel mené par les organisations de la société civile palestinienne.
Signataires :
- 11.11.11
- Actions in the Mediterranean
- Association Belgo-Palestinienne
- Broederlijk Delen
- Centrale Générale-FGTB
- Centrale nationale des Employés
- CNCD-11.11.11
- De-Colonizer
- Defence for Children International – Belgique
- Een Andere Joodse Stem
- Mouvement Ouvrier Chrétien
- Palestina Solidariteit
- Pax Christi Vlaanderen
- SolSoc
- Union des Progressistes Juifs de Belgique
- Viva Salud
- Vrede vzw