[Parcours d’artistes] Focus sur Max Lapiower : « A mon grand-père »

Gérard Preszow

C’est tellement lui, identifiable de dos au quart de tour, avec sa gabardine à la Peter Falk, alias Inspecteur Colombo. Il quitte la scène, grimpe les dernières marches qui accèdent à l’Eternité. Lui, c’est Ignace Lapiower, le grand-père de Max. Max ne l’a pas quitté des yeux, il l’a accompagné dans ce saut irréversible dont Cesare Pavese disait : « voir mourir fait vieillir ». Tandis qu’Ignace fermait à jamais les yeux, Max gardait les siens ouverts et n’a cessé de le croquer au crayon, au fusain, d’en faire des gravures. Tantôt ressemblant, gracile, fragile, tantôt démesuré, minéral, sculptural.

Il y a cette élégance et cette violence chez Max, cette manière de confondre les corps quand les tissus se superposent et glissent les uns dans les autres, de les approcher à peine effleurés ou de les surdimensionner d’une vigueur décisive.

Il y a dix ans, au cours de ce même Parcours d’artistes saint-gillois, Max exposait une dizaine de portraits au pastel dans l’école de musique « Blanches et Noires ». Il avait dix-sept ans (ah, cet âge des Rimbaud…) et il avait suffi d’un clignement de paupières pour que tous les portraits alors exposés se parent d’une pastille rouge. Depuis, Max a substitué le travail à la grâce et s’est mis à étudier avec fébrilité et fermeté les techniques exigeantes de la gravure à l’académie d’Anvers. Une chose est sûre : le travail n’a pas entamé la grâce !

Illustration : Ignace Lapiower montant les escalier, lithographie, 16/11 cm, 2016

Autour de l’exposition: