[Manifestation] L’État d’Israël ne nous représente pas.

Ce dimanche 22 octobre, l’UPJB a manifesté aux côtés de 40.000 citoyen·nes pour demander à l’UE et à la Belgique qu’elles mettent tout en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu, la protection de toutes les populations civiles, qu’elles appellent au respect des droits de tous, conformément au droit humanitaire international, qu’elles exigent d’Israël la levée du siège de Gaza et qu’elles s’attaquent aux causes structurelles du présent conflit.
Lors de cette manifestation, Michel Staszewski a entamé au nom de l’UPJB un discours dont, face à un groupe de manifestant·es particulièrement exalté·es, il n’a malheureusement pu lire que les premières phrases. Alors, ce discours, le voici :
Dans son communiqué du 10 octobre, l’Union des Progressistes Juifs de
Belgique a condamné sans ambiguïté les assassinats indiscriminés et la
prise en otage massive de civils israéliens de tous âges lors de l’attaque
menée à l’extérieur de la bande de Gaza par la branche armée du Hamas
le 7 octobre. Ces actes constituent des crimes de guerre qu’aucune cause,
aussi juste soit-elle, ne peut ni justifier ni excuser.

Dans ce même communiqué, nous avons rappelé que nous reconnaissons
le droit à la résistance des Palestiniens des territoires occupés, y compris à
la résistance armée quand elle vise des militaires ou des colons armés. Car
ces Palestiniens sont victimes d’une occupation militaire interminable, de
l’accaparement sans cesse croissant de leurs terres, de leurs ressources
en eau et d’autres biens, de l’étouffement de leur économie, de la
répression par l’armée de toute forme de résistance même non violente,
de l’agressivité quotidienne de plus en plus souvent meurtrière des colons.
La population de l’étroite bande de Gaza subit quant à elle, depuis plus de
seize ans, un blocus inhumain et parfaitement illégal selon le droit
international, qui a pour conséquences une économie dévastée, de la
malnutrition, ainsi qu’une très grave pénurie d’eau potable, de soins
médicaux et d’électricité. Tout au long de ce blocus, elle a régulièrement
subi des attaques meurtrières de l’armée israélienne qui ont à chaque fois
causé la mort de nombreux civils et détruit des bâtiments civils tels que
des mosquées, des écoles, des stations d’épuration d’eau, des centrales
électriques, des hôpitaux.

Le gouvernement israélien, dit d’« unité nationale », prétend mener
depuis deux semaines des opérations militaires dont les deux buts
seraient selon lui, je cite : « éradiquer le Hamas » et « délivrer les
otages ». Mais, dès le 9 octobre, Yoav Gallant, le ministre de la Défense
israélien, a annoncé l’imposition d’un « siège complet » à la bande de
Gaza. « Pas d’électricité, pas d’eau, pas de nourriture, pas de gaz, tout est
fermé ». Il a même ajouté : « Nous combattons des animaux et nous
agissons en conséquence ».

Ce siège complet a directement été mis en œuvre. Les bombardements
qui l’ont accompagné ont tué à ce jour plus de quatre mille personnes,
essentiellement des civils, parmi lesquels de très nombreux enfants.
L’ordre donné par l’état-major israélien à plus d’un million de personnes
de quitter la partie nord de la bande de Gaza pour le sud de celle-ci a
encore considérablement aggravé les conditions de survie de la population
civile, d’autant plus que les bombardements continuaient, y compris sur la
partie sud de ce territoire.

Ce n’est pas une « guerre contre le Hamas » que mène depuis deux
semaines l’armée israélienne mais bien une campagne de terreur d’une ampleur inégalée contre l’ensemble de la population de la bande de Gaza.
Les quelques camions autorisés depuis hier à pénétrer dans l’enclave sous
blocus ne changeront pas grand-chose à la situation désespérée que
vivent les Gazaouis. D’autant plus que le gouvernement israélien en exclut
les carburants pourtant absolument nécessaires, entre autres, pour les
hôpitaux, les ambulances et les stations de dépollution des eaux.
La libération des otages civils n’est manifestement pas l’objectif prioritaire
des stratèges israéliens.

L’Union des progressistes Juifs de Belgique s’associe à toutes les
demandes adressées à l’Union européenne et au gouvernement belge
contenues dans l’appel à manifester aujourd’hui :
– que ces autorités agissent immédiatement pour obtenir un cessez-le-feu,
la protection de toutes les populations civiles, et un accès à l’aide
internationale pour la population gazaouie ;
– qu’elles appellent au respect des droits de tous, conformément au droit
humanitaire international et aux droits humains, y compris à la libération
de tous ceux qui ont été illégalement privés de leur liberté, que ce soit les
civils retenus en otages à Gaza ou les prisonniers politiques palestiniens ;
– qu’elles exigent d’Israël la levée du siège de Gaza dans la perspective de
la levée du blocus et de sa reconnexion avec le reste du territoire
palestinien occupé ;
– qu’elles apportent un soutien politique et financier à l’enquête en cours
de la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine et
encouragent le procureur de cette Cour à en faire une priorité afin que
tous les criminels de guerre soient rapidement tenus responsables de
leurs actes ;
– qu’elles s’attaquent aux causes structurelles du présent conflit en
adoptant des mesures contraignantes contre Israël afin qu’il mette fin à
l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid contre le peuple palestinien.
Les dirigeants israéliens prétendent agir dans l’intérêt de leurs
concitoyens juifs et même dans celui des Juifs du monde entier. Nous
pensons au contraire que leurs choix politiques, criminels selon le droit
international et les droits humains, sont désastreux non seulement pour
les Palestiniens, qu’ils oppriment, discriminent, spolient et persécutent
depuis si longtemps, mais aussi pour les Juifs israéliens et même pour
l’ensemble des Juifs puisqu’ils prétendent agir en leur nom.
L’Union des Progressistes Juifs de Belgique leur dénie absolument cette prétention.
L’État d’Israël ne nous représente pas.
© Photo ABP asbl.