Communiqué commun de l’Association belgo-palestinienne, de l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB), de De-Colonizer et des Amis de la Palestine.
Le 24 avril 2022, des élus, bourgmestres et ministres belges ont participé à une soirée célébrant conjointement l’iftar, la rupture du jeûne du Ramadan pour les musulmans et la mimouna, qui célèbre la fin de la Pâque juive au Maroc. Une initiative de promotion de la tolérance et du vivre-ensemble salutaire, qui a malheureusement fait l’objet d’une récupération politique beaucoup moins reluisante. Les convives ont en effet été accueillis par les ambassadeurs d’Israël, du Maroc et des Émirats Arabes Unis. S’en est suivie une séance photos devant une scène où trônaient les drapeaux israéliens, marocains et belges, puis un repas autour duquel ils firent table commune.
Loin d’être anodine, la participation d’Israël à ce “moment convivial” s’inscrit dans le processus de normalisation entre le gouvernement israélien et ceux des autocraties des pays arabes. La mise en scène de ce prétendu rapprochement judéo-musulman est rendue possible par les “accords d’Abraham” de 2020, qui ont permis à un nombre croissant de pays arabes de rompre avec leur engagement de ne reconnaître Israël que si ce dernier mettait fin à l’occupation du territoire palestinien. En réalité, ce rapprochement culturel est largement factice et vise à faire oublier la violence de leurs régimes répressifs, et, pour Israël, l’apartheid imposé aux Palestiniens. Il dissimule également les convergences peu avouables opérées entre ces régimes contre leurs citoyens défenseurs de droits humains, notamment la fourniture par Israël du logiciel espion Pegasus à des pays comme le Maroc et les Émirats Arabes Unis, utilisés notamment pour traquer leurs opposants politiques.
Nous dénonçons la participation d’Israël à cet événement qui ne sert en aucune manière le rapprochement judéo-musulman en Belgique, mais contribue au contraire à renforcer le détestable amalgame entre les Juifs et la politique israélienne d’oppression du peuple palestinien, tout en légitimant celle-ci. L’ambassadeur israélien a en effet largement communiqué autour de cette soirée afin d’accréditer l’idée qu’Israël peut continuer à embellir son image en dépit de la poursuite de sa politique d’occupation, de colonisation et d’apartheid.
Il est regrettable que des mandataires belges se soient, consciemment ou non, prêtés à la manœuvre, en particulier ceux appartenant au PS et à Ecolo, dont les partis reconnaissent la réalité de l’apartheid israélien. Auraient-ils en son temps accepté de partager un moment convivial avec des représentants du régime suprémaciste blanc sud-africain? S’ils estiment avoir été trompés par les organisateurs de l’événement – dont l’invitation ne mentionnait nullement la présence d’un officiel israélien -, nous les invitons à les interpeller, et à manifester publiquement leur indignation vis-à-vis de cette récupération d’un événement qui visait au rapprochement intercommunautaire en Belgique.