Riton Liebman, de la scène au roman, l’itinéraire bouleversant de « La Vedette du quartier »

par Tessa Parzenczewski

Dès le prologue, le décor est planté et le ton donné. Au-delà de l’oralité, dans une sorte d’entre-deux, une voix prend vie, rythme, ponctuée d’expressions récurrentes, répétitives à dessein, comme un restant de slam, « avec un accent yiddish à couper au couteau » pour rappeler ses grands-parents. Et puis l’événement majeur : En 1977, par une série de coïncidences, Riton se présente au casting du film de Bertrand Blier « Préparez-vos mouchoirs » et est engagé. Ses partenaires, Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Carole Laure. Film sulfureux, bien de son époque, impensable aujourd’hui. C’est à partir de là que Riton se raconte, entre autodérision et mélancolie.

Tout au long du récit, éparses, surgissent les références politiques, l’axe même de la vie de Marcel Liebman, comme en sourdine, jamais démonstratives.

Lorsque las de l’école, Riton, 16 ans, décide de s’établir à Paris et d’entamer une carrière d’acteur, ses parents acceptent. Et c’est alors que commence un chemin chaotique, toujours imprévisible et où revient comme un leitmotiv la phrase fondatrice « C’est toi le petit garçon qui jouait dans « Préparez-vos mouchoirs », il était sympa Depardieu ? Il était génial Patrick Dewaere ? »

Riton Liebman nous plonge dans un monde tout en contrastes, précarité quotidienne, courses aux rôles, et… le monde de la fête. Mais en réalité, au coeur du roman, l’essentiel du propos, ce ne sont pas les aléas liés au métier et la lutte pour exister en tant qu’acteur, non, c’est la pulsion autodestructrice de l’auteur, lorsque près du but, il anéantit toutes ses chances par une phrase assassine, un acte insensé, une provocation insolente… Et puis la drogue. L’héroïne de plus en plus présente conditionne toute son existence et lentement le détruit.

Des états d’âme sans masque, une mise à nu, une évocation émouvante des derniers mois de Marcel Liebman.

Entre humour, mélancolie et sarcasmes, une lecture bouleversante.

La vedette du quartier, Riton Liebman, Éditions Séguier, Collection L’indéFINIE, 21€, 278 p.

 RITON LIEBMAN SERA PRÉSENT À L’UPJB :