La Cour internationale de justice (CIJ) a récemment ordonné à l’État Israël d’interrompre ses offensives militaires à Rafah tant qu’elles nuiront aux civils. Quelques heures après cette décision, des dizaines de personnes ont été brûlées vives dans leurs tentes par d’intenses bombardements israéliens, dans une zone précédemment désignée comme sûre pour ces réfugié·es palestinien·nes. Après presque 8 mois de ce que la CIJ a qualifié de “risque plausible de génocide” en janvier, l’État d’Israël persiste à mépriser les mesures conservatoires, le droit international et continue à massacrer impunément les Palestinien·nes. À travers le monde, des manifestations et des occupations d’universités expriment la colère de la société civile. La réponse à ces appels est souvent l’inaction, voire la répression brutale.
Au milieu de cette horreur, deux évènements récents apportent des lueurs d’espoir. D’abord, le procureur de la Cour pénale internationale a requis des mandats d’arrêts contre ceux qu’il considère comme coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité : Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, (responsables pour le gouvernement israélien), ainsi que Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh (responsables pour le Hamas). Par ailleurs, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu l’État de Palestine. La Belgique doit soutenir ces initiatives, et reconnaître immédiatement l’État palestinien.
Conjuguées à des sanctions économiques et l’embargo militaire (enfin activé en Wallonie), cela constitue les moyens diplomatiques dont nous disposons pour encourager ou contraindre Israël à cesser le feu.
Comme le dénoncent de nombreuses familles d’otages en Israël, le gouvernement israélien ne priorise pas la protection de sa propre population. Jusqu’à présent, le cessez-le-feu et les négociations ont été le seul moyen d’assurer le sauvetage des otages capturé·es lors des massacres du 7 octobre 2023. ll apparait clairement que l’objectif de ces bombardements incessants est de rendre Gaza invivable : c’est la continuité du nettoyage ethnique des Palestinien·nes commencé en 1948.
En tant que Juif·ves de Belgique, il nous est insupportable que ces massacres de masse, ces crimes contre l’humanité, soient commis au nom de la sécurité des Juif·ves (d’Israël et d’ailleurs). En tant que Juif·ves de Belgique, nous rejetons fermement les narratifs qui opposent Juifs et Palestiniens, et demandons à l’État belge d’agir. L’urgence humanitaire est à l’obtention d’un cessez-le-feu durable, à la libération des otages israélien·nes et des milliers de prisonnier·es palestinien·nes détenu·es arbitrairement. L’urgence diplomatique est à la reconnaissance immédiate d’un État palestinien. Ce sont les premières étapes vers un horizon auquel nous aspirons : une solution qui garantisse aux Palestinien·nes et Israélien·nes la sécurité, l’égalité des droits, la dignité, la justice.