Contextualisation :
Le film date de 1964. C’est le premier long métrage d’un tout jeune cinéaste, Jan Nemec, adapté d’un roman autobiographique d’Arnost Lustig. En ce début des années soixante, le cinéma européen est en ébullition.
Sans concertation et de manières différentes, des jeunes réalisateurs brisent les carcans, changent les codes. Nouvelle vague en France, printemps du cinéma en Pologne, en Tchécoslovaquie.
C’est ainsi que Nemec chamboule le réel, pénètre dans les mondes intérieurs, où l’imaginaire, les souvenirs, les hallucinations se heurtent, se télescopent, entre espoirs fous et destin verrouillé.
Avec le jeune fugitif, parfois revêtu de son habit marqué, KZ, Konzentrazie Lager, nous parcourons Prague, rues anodines, images d’autrefois, jeunes femmes, chats aux fenêtres… Les temporalités se mélangent, les itinéraires se répètent, intenses, comme à l’infini. Mais furtivement, SS en balade, appartements inaccessibles, rappellent « l’aujourd’hui ».
Plus tard, à nouveau dans la forêt, une horde de paysans part à la chasse, la chasse à l’homme. Et là Nemec nous plonge dans un univers sordide, abject, mais à la cruauté efficace.Des images au vitriol. De retour de leurs battues, ces Sudètes de langue allemande, chantent, dansent, bâfrent. Les prisonniers attendent, des coups de feu éclatent..Une fin ouverte ?
Vingt ans plus tard, Nemec nous restitue, sans concession, ces temps inhumains, dans un langage insolite, où parfois, inattendue, d’un souvenir évoqué, surgit l’émotion, comme un baume.
Synopsis :
(Un texte écrit par Tessa Parzenczewski)