Des organisations belges* dénoncent la volonté du gouvernement fédéral de criminaliser les mouvements sociaux sous couvert de “lutte contre l’extrémisme”, au mépris des droits humains, de la démocratie et de la séparation des pouvoirs.
Ce 7 août 2025, le CGRA a décidé de révoquer le statut de réfugié du Palestinien Mohammed Khatib, coordinateur européen de Samidoun. Cette décision, prise sans justification légale claire ni transparence, constitue un précédent inquiétant qui menace l’indépendance du pouvoir judiciaire et les libertés fondamentales.
Cette décision contrevient au droit d’asile et à la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. Selon les informations publiques à notre disposition, rien n’indique que M. Khatib constitue une “menace réelle, actuelle et suffisamment grave affectant un intérêt fondamental de la société”, comme le prévoit la jurisprudence de la CJUE, de nature à justifier un tel retrait.
Elle constitue par ailleurs une violation manifeste de l’article 19 de la Constitution belge garantissant la liberté d’expression. Comme nous avons pu le dire par le passé, demander la libération de la Palestine, dénoncer l’occupation israélienne illégale et le sionisme, défendre la résistance — droit légitime de tout peuple sous occupation —, croire en la nécessité d’une révolution mondiale ne relève pas de la haine mais bien de l’opinion, quoi qu’on en pense. Et la critique, même radicale, d’Israël n’a rien à voir avec de l’antisémitisme, contrairement à ce que certains de nos grands voisins essaient de faire croire.
Aujourd’hui, c’est une voix palestinienne. Demain, ce pourra être toute personne qui sort de la ligne politique du gouvernement
Cette décision s’inscrit dans un contexte où le gouvernement De Wever entend permettre à l’exécutif de s’arroger le droit de dissoudre et d’interdire des associations jugées dangereuses, outrepassant le pouvoir judiciaire. Elle reflète une volonté affichée de criminaliser les voix et collectifs palestiniens et leurs soutiens, et traduit un parti pris manifeste contre ceux qui dénoncent l’occupation illégale, l’apartheid et le génocide.
Ces offensives sont d’autant plus graves que le fait de dénoncer le génocide n’est pas seulement un droit, mais une obligation morale pour tous les individus, acteurs publics et privés, ainsi qu’une obligation légale pour tous les États signataires des conventions internationales des droits humains, y compris la Belgique.
Il est de la responsabilité de l’ensemble de la société civile, des citoyens et des citoyennes de dénoncer cette atteinte majeure à la séparation des pouvoirs, à l’État de droit et à la démocratie. Aujourd’hui, c’est une voix palestinienne. Demain, ce pourra être toute personne qui sort de la ligne politique du gouvernement, qu’il s’agisse de mobilisations sociales, syndicales ou environnementales. L’arbitraire politique et les agendas partisans ne pourront jamais remplacer la justice.
*Liste provisoire des signataires de l’appel :
Association belgo-palestiniennne (ABP)
Abolish Frontex Belgique
AJAB
Beitna
INTAL
Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB)