COMPLET « La Commune des lumières, une utopie libertaire » par Jean Lemaître

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1917, 1918 : le Portugal crève de misère et crie famine, tandis que ses jeunes se font déchiqueter, aux côtés des alliés dans les tranchées sordides du Nord de la France, pour une guerre qui n’est pas la leur. Les anarchistes représentent alors la principale force alternative au pays. Partout, ils créent des bibliothèques, ils animent des cercles d’éducation populaire, ils éditent des journaux libertaires, ils investissent les organisations syndicales.

La Révolution russe d’Octobre 1917 galvanise le peuple portugais, qui exige avec une force décuplée pain, paix, libertés. C’est alors qu’en Alentejo, cette région rouge, un humble voyageur de commerce, Antonio Gonçalves, bâtit la première « Commune anarcho-communiste » au Portugal. Celle-ci, loin de se replier sur elle-même, se lie aux travailleurs ruraux locaux et attise le feu de la révolte. En novembre 1918, les syndicats appellent à la grève générale, que les plus radicaux veulent transformer en révolution, à l’instar de la Russie. Au Vale de Santiago, une soixantaine d’ouvriers cessent le travail et se lancent à l’assaut des latifundiaires, pour établir au village le premier soviet portugais. Quatre jours durant, ils tiennent le haut du pavé… jusqu’au moment où la troupe débarque au Vale et entame une impitoyable répression.  Mais trop tard : les graines de solidarité ont été semées, les fleurs finiront par éclore et essaimer. Cette histoire, qui se lit comme un roman, inspirera, peut-être, ces innombrables utopistes, cherchant aujourd’hui à incarner, enfin, en réalité tangible, leurs rêves éveillés de liberté, égalité, fraternité