[Points Critiques n°383] Edito

Anne Grauwels

Il se trouve que cette année, outre les 40 ans de la revue, l’UPJB fête aussi ses 50 ans d’existence. Créée en 1969 de la fusion de quelques associations de la mouvance juive communiste (dont Solidarité juive) avec le soutien de l’UJJP (le mouvement de jeunesse), elle se proclame d’emblée indépendante de tout parti politique. Mai 68 est passé par là et la génération montante est très critique vis-à-vis de l’Union Soviétique.

Dès sa création, l’UPJB se démarque aussi du reste de la Communauté juive en réclamant pour le conflit israélo-palestinien « une solution juste et pacifique dans le respect des droits de tous les peuples de cette région » (Charte publiée lors de la création de l’UPJB en avril 1969).

Dans ce numéro nous interrogeons l’héritage qu’a laissé l’UPJB après 50 ans
d’ engagement aux côtés des plus démunis, au Proche-Orient comme en Belgique, d’activités de toutes sortes, festives et politiques, dont quelques participations aux manifestations de soutien aux Palestiniens à l’occasion des guerres de Gaza qui ont laissé des traces. De courts témoignages de membres et de compagnons de route, anciens et nouveaux, jeunes et moins jeunes, émaillent les pages de ce numéro.

Comme accroche nous publions un échange de lettres datant de 1987, entre David Susskind, président du CCLJ, et Henri Liebermann, président lui, de l’UPJB. Comme à l’accoutumée, pour ceux qui ont connu le personnage haut en couleurs, « Suss » aborde de front et sans ambages, les sujets qui fâchent.

Il s’agit essentiellement de la situation politique au Proche-Orient et de l’aide aux Juifs de l’URSS dont il s’occupe dans ces années-là, mais il ne se gêne pas non plus pour lancer une critique en règle contre ce qu’il croit être la transformation de l’UPJB en « club amical de théâtre », alors que la communauté « a besoin d’une conscience »! Henri Liebermann dénonce le ton donneur de leçons de la lettre, tout en refusant de répondre sur le fond, arguant que l’UPJB a bien le droit de penser et d’agir en toute indépendance.

Alain Lapiower esquisse le contexte dans lequel cet échange a lieu, rappelle les origines communes des deux hommes et de leurs organisations respectives et retrace l’histoire de leur divorce.

Qui dit « héritage », dit « transmission ». Le Pilpoul donne la parole à trois « anciens »de l’UPJB-jeunes, qui croisent le fer sur cette question de transmission dans un mouvement de jeunesse en pleine croissance et de plus en plus hybride.

Quant au théâtre, nous y consacrons non seulement un article, mais nous pouvons d’ores et déjà annoncer un nouveau spectacle maison, dont la première aura lieu en janvier 2020.* Car, oui, l’UPJB fait du théâtre. Dans les années 80-90 sa troupe, La Magna-
nerie, produisait presqu’annuellement un spectacle de haute tenue sur base de textes exigeants, qui abordent à leur façon les problèmes du monde et nous forgent une conscience.