Elias Preszow : Voisinages de Gaza

Pour Ali

silence

pour trouver les mots

 

silence

pour sentir le souffle

 

silence

pour écouter le monde

 

 

silence

contre le fracas, le vacarme, le chaos

 

silence

tout contre ton visage, ton regard, ta peau

 

 

silence contre silence

parole contre parole

 

vie contre vie

et mort contre mort

 

 

corps silenciés

images silencieuses

 

ma main écrit un impossible silence

et porte la voix des questions qui jaillissent

entre nous

 

 

est-ce que l’espace s’ouvre

quand le temps est commun ?

 

où est notre maison ?

où est notre maison ?

 

 

tes yeux suivent ce qui se passe là-bas

et j’aimerais nommer ce que je vois ici

 

camp contre camp

nos histoires en morceaux

 

discours contre discours

nos mémoires en miettes

 

Shoah contre Nakba

et Nakba contre Shoah

 

comment rassembler, un instant, le rameau et l’olivier lorsque les symboles sont devenus illisibles ?

 

et comment laisser se déployer le silence pour qu’un dialogue fraternel remplace l’horreur des bombes ?

 

comment ton peuple et mon peuple vont-ils cohabiter, ici comme là-bas ?

 

 

attente vaine ?

désir illusoire ?

prière pour personne ?

 

Israël-Palestine

Palestine-Israël

 

mon pays n’est nulle part

et j’avance de seuil en seuil

 

il n’y aura pas de pays tant que l’ombre d’un enfant

meurt pour un drapeau –

 

et j’habite mon désert,

ton exil comme une métaphore –

 

 

cette vie qui se bat résistera aussi longtemps

que brille quelque lumière

 

entre nous