À l’origine, le cinéma ignorait toute distinction entre documentaire et film de fiction. Le seul fait de filmer l’arrivée d’un train ou la clientèle d’un grand magasin et de projeter ces scènes sur un écran était suffisamment extraordinaire et pouvait déclencher tour à tour la panique, l’émerveillement ou le rire. Le cinéma a conquis un public populaire comme une attraction foraine. Pour les classes aisées, l’émotion était la même mais on ne s’en vantait pas. Le vrai art de la représentation restait le théâtre et l’opéra. Assister à une séance de cinéma, c’était s’encanailler.
C’est avec la première guerre mondiale que documentaire et fiction deviennent deux genres séparés. Mais cette séparation n’a jamais créé une frontière étanche. Lorsque nous voyons un film de fiction japonais ou argentin, nous découvrons également d’autres architectures, d’autres manières de se saluer ou de manger. Suivant l’expérience et l’intérêt de chaque spectateur, un même film de fiction peut contenir toute une gamme de documentaires. Quant aux documentaires proprement dits, ils ne se limitent jamais à enregistrer le réel comme le ferait une caméra de surveillance dans le métro. Ils naissent d’un rapport intime avec une réalité qui va déterminer des choix. Dans beaucoup de documentaires, les participants réels d’une situation sont invités à répéter un geste, un coup de téléphone tout simplement parce que la caméra n’était pas là au moment où ces faits se sont produits. Et la simple présence d’une équipe qui filme peut altérer la manière de raconter et d’agir.
En organisant ce cycle, l’UPJB voudrait vous placer des deux côtés de la caméra. Il s’agira de voir des films, engagés dans la société contemporaine, et de rencontrer des personnes qui les ont réalisés. Les films ont été choisis à la fois pour leur objet politique et social, leur engagement du côté des opprimés et leur extrême diversité de langages et de choix. Le plaisir esthétique qu’ils procurent n’est pas disjoint de l’information qu’ils véhiculent, des émotions face à l’inacceptable ou à la dignité des luttes, de la réflexion. Les rencontres permettront de comprendre tout le travail qu’il y a derrière cette reconstitution du réel.
© Texte : Laurent Vogel
Programme :
- Vendredi 4 février à 20h15 : Rencontre avec Mario Brenta et Karine de Villers
- Dimanche 6 février à 16h : Projection d’Îles de Mario Brenta et Karine de Villers
- Dimanche 27 février à 16h : Projection de L’étreinte du fleuve de Nicolas Rincón Gille
- Dimanche 6 mars à 16h : Projection de La vallée des âmes de Nicolas Rincón Gille
- Vendredi 11 mars à 20h15 : Rencontre avec Nicolas Rincón Gille
- Dimanche 13 mars à 16h : Projection du Tombeau de l’amiante suivie par une rencontre avec Marie Anne Mengeot et Nina Toussaint
- Dimanche 27 mars à 16h : Projection de L’important, c’est le chemin de Daniel Kupferstein
- Dimanche 3 avril à 16h : Projection de Les balles du 14 juillet de Daniel Kupferstein
- Dimanche 10 avril à 16h : Projection de Pas en mon nom de Daniel Kupferstein
- Vendredi 15 avril à 20h15 : Rencontre avec Daniel Kupferstein
- Date à déterminer : Rencontre avec Molly Stuart sous forme d’un entretien en ligne.
- Date à déterminer : Projection d’Objector de Molly Stuart